Le salaire minimum pourrait passer en octobre de 1 554 euros à 1 585 euros brut par mois. Un effet de la hausse des prix depuis un an.

A mesure que la crise sanitaire reflue, le débat sur le pouvoir d’achat gagne en intensité. Avec des rebondissements un peu inattendus. Lundi 6 septembre, Bruno Le Maire a indiqué, sur BFM-TV et sur RMC, qu’« on peut envisager (…) une revalorisation automatique du smic au 1er octobre ». D’après le ministre de l’économie, une telle disposition pourrait être prise « au regard de l’inflation », qui s’accélère depuis plusieurs mois sous l’effet de la reprise de l’activité et du renchérissement du prix de certaines matières premières.
Si un tel geste se confirmait, il ne s’agirait pas d’un cadeau du gouvernement, au commencement d’une campagne présidentielle qui, comme les autres, propulse le sujet du revenu des ménages au cœur des préoccupations. Les propos de M. Le Maire renvoient, en réalité, à l’une des modalités prévues par la loi pour relever le niveau du smic. « L’Etat sera tenu de procéder à cette majoration si l’indice des prix en août a progressé d’au moins 2 % par rapport à celui de novembre 2020, qui avait servi de référence pour la précédente hausse du salaire minimum au 1er janvier 2021 », explique Gilbert Cette, professeur à Neoma Business School et président du groupe d’experts sur le smic.

Le patronat, lui, se défend en rappelant que, dans le secteur de la propreté ou de la sécurité, par exemple, où de nombreux salariés sont payés au smic, les administrations et services publics lancent des appels d’offres en cherchant à tirer au maximum les prix vers le bas. L’Etat « doit balayer devant sa porte », a affirmé, le 2 septembre, Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, juste après un entretien avec le premier ministre, Jean Castex. « Nous comprenons que la revalorisation du smic soit inscrite à l’ordre du jour, mais, si cela débouche sur des hausses soutenues, la compétitivité de notre économie et, par voie de conséquence, l’emploi vont en pâtir », confie François Asselin. Le numéro un de la Confédération des petites et moyennes entreprises plaide pour que d’autres pistes soient explorées – par exemple la suppression des charges patronales sur les heures de travail supplémentaires, qui donneraient des marges de manœuvre aux employeurs en vue d’augmenter les rémunérations. L’idée d’améliorer le smic « n’est pas incongrue », reconnaît Dominique Métayer, le leader de l’Union des entreprises de proximité, mais « il y a un subtil équilibre à trouver », d’après lui.
Un sujet présidentiel
Parmi les syndicats, les réactions sont contrastées. Si le salaire minimum est relevé, le 1er octobre, pour couvrir l’inflation, il s’agira d’« une première marche », selon la formule de Boris Plazzi, secrétaire confédéral de la CGT, mais « ce sera insuffisant » face à l’emballement des loyers dans certaines agglomérations et des prix de l’énergie ou du carburant. « Un coup de pouce serait le bienvenu », enchaîne Cyril Chabanier, le président de la CFTC.
Les candidats à la présidentielle se sont d’ores et déjà emparés du sujet. A gauche, presque toutes les personnalités en lice promettent un relèvement des bas salaires, avec, par exemple, Fabien Roussel (PCF), qui milite pour un smic porté à 1 800 euros brut par mois. Arnaud Montebourg, de son côté, souhaite un « dividende salarié », en généralisant l’usage de la participation dans le secteur privé. A droite, Valérie Pécresse a proposé d’augmenter le salaire net des Français de 10 % en baissant les charges salariales, quand Xavier Bertrand exprimait, mi-avril dans Les Echos, son souhait d’accroître « le niveau de vie des salariés les plus modestes ».

Le Monde