Rachat de Casino : Moez-Alexandre Zouari se dit "ravi que Daniel Kretinsky se manifeste"

Rédigé le 15/05/2023


Dans un entretien accordé à plusieurs médias, et repris par l'AFP, le directeur général de Teract, Moez-Alexandre Zouari défend son projet industriel avec InVivo et Intermarché. Et appelle Daniel Kretinsky à s'associer avec eux. 

Le temps presse et la pression monte. Alors que le Tribunal de commerce de Paris devrait ouvrir une procédure de conciliation cette semaine, la date butoir étant le 19 mai, dans l'espoir de trouver une solution collégiale pour les créanciers, Moez-Alexandre Zouari sort de son silence dans les médias, repris par l'AFP. Celui-ci juge l'offre de Daniel Kretinsky et de sa société EP Global Commerce, soit une augmentation de capital de 750 millions d'euros à laquelle s'ajoute la somme de 150 millions d'euros via Fimalac, "insuffisante". Pas financièrement, mais plutôt sur le plan commercial et industriel. "Si demain matin, en arrivant, il n' a pas Intermarché pour massifier les achats, un projet industriel qui va donner du sens à la dynamique, un projet structuré..."

"Pas incompatible"

Justement, Teract, allié à InVivo, géant agricole français fort de 185 coopératives, et à Intermarché, propose de bâtir un "nouveau modèle agroalimentaire intégré et local". Intermarché met dans la balance sa maîtrise des marques propres et son pôle industriels, Agro-Mousquetaires (56 usines). Autant d'atouts qui devraient, selon Moez-Alexandre Zouari, inciter le milliardaire tchèque à s'associer avec eux. "On est ravis que Daniel Kretinsky se manifeste. Son projet est différent, mais pas incompatible du nôtre". Surtout, le modèle qu'il défend serait complémentaire de celui de Daniel Kretinsky. A ses yeux, le sien résoudrait le problème commercial ; le second règlerait le sujet financier. Un modèle alternatif au discount et à la grande distribution qui ne jure que par le prix, voilà ce qu'imagine le directeur général de Teract. "Les négociations commerciales entre l'industrie agro-alimentaire et la distribution sont aujourd'hui une mascarade. Les industriels ont gagné la partie".

Eviter le "carnage"

Schéma à l'appui, Moez-Alexandre Zouari détaille son projet. Casino France et Teract seraient deux entités, la première réunissant les activités de distribution de Teract et de Casino, dirigée par Casino à hauteur de 80%, la seconde, dirigée par Teract, réunirait l'approvisionnement et l'amont. La dette (6 milliards d'euros) serait répartie entre Casino France (2 milliards d'euros et le groupe Casino (4 milliards d'euros). "Casino est une boîte centenaire, solide, robuste, qu'il faut réveiller, (...), ce serait un carnage que ce groupe parte en redressement judiciaire alors qu'il y a un socle solide et que constituer un réseau de proximité comme le sien aujourd'hui prendrait des dizaines d'années et des milliards d'euros", plaide Moez-Alexandre Zouari.Tous ces arguments ne suffiront peut-être pas à convaincre Daniel Kretinsky, dont l'entourage pense que l'urgence, c'est d'abord le désendettement du groupe. "Avant de discuter de quelque stratégie que ce soit, il faut commencer par recapitaliser Casino, lui donne un bilan sain pour ensuite créer de la valeur", affirmait à LSA le 24 avril un proche du dossier. Suite dans les prochains jours.

Magali Picard