Le leader de la distribution américaine Walmart a licencié plus de 600 personnes sur plusieurs sites de préparation de commandes aux Etats-Unis. Un désengagement de Walmart sur l’e-commerce ou le début d’une vaste restructuration opéré par le groupe ? En 2022, il a réalisé 53,4 milliards de dollars de chiffre d’affaires via Internet aux USA, soit près de 13 % de son activité.
En fin d’année encore, Walmart communiquait sur de nouvelles fonctionnalités pour muscler sa plateforme e-commerce. Mais en coulisses, le groupe réduit les effectifs de son réseau d'entrepôts préparant les commandes destinées aux courses en ligne. La semaine dernière, le géant de la distribution a confirmé qu'il avait "ajusté les niveaux de personnel" dans les centres de traitement des commandes "sur certains marchés", selon des propos rapportés par le média américain Retail Dive. Des sites stratégiques sont concernés, rapporte encore le média en s’appuyant sur des déclarations obligatoires que doit fournir le distributeur. Le centre logistique de Pedricktown, situé près de Philadelphie, qui avait fait peau neuve en 2022, s’est vu amputer de 200 personnes, toutes licenciées : "Nous avons récemment ajusté les niveaux de personnel afin de mieux nous préparer aux besoins futurs des clients", a déclaré pudiquement Walmart dans un communiqué transmis à l’agence Reuters. A Devenport, en Floride, 400 licenciements ont été recensé. A Jacksonville, l’entreprise a mis un terme au contrat de travail de 69 collaborateurs.
Des licenciements mais pas de fermeture de site
Pour l’heure, Walmart a bien confirmé ces licenciements mais il est difficile de lire la stratégie liée à cette réduction de postes. « L'expansion des services de livraison dans les magasins était un facteur, mais pas le seul, de la réduction des effectifs dans certains centres de traitement des commandes » a glissé un porte parole de Walmart à Retail Dive. Déjà l’an passé, le groupe s’est séparé de 1500 collaborateurs sur cette activité à Atlanta, en Géorgie. Walmart, qui est l'un des principaux employeurs privés du pays, avait comme beaucoup embauché massivement durant la pandémie, ces licenciements constituent peut-être des variables d'ajustement post covid. Aucun projet de fermeture de centre n’est à ce jour acté chez Walmart, qui compte 31 sites dédiés à l'e-commerce répartis sur le sol états-unien.
Ces licenciements pourraient constituer la première étape, socialement douloureuse, d’une vaste réorganisation logistique. Walmart a en effet développé en 2022 un système propriétaire d'automatisation de la chaîne d'approvisionnement dans son nouveau centre de traitement des commandes de haute technologie situé à Joliet, près de Chicago dans l'Illinois. Cet espace - de 1,1 million de mètres carrés ! - incarne un des quatre centres d'exécution de pointe dédiés au commerce électronique que Walmart prévoit d'ouvrir au cours des trois prochaines années. L’automatisation de ses entrepôts doit permettre au groupe de doubler le nombre de commandes de clients qu'il peut traiter en une journée, a assuré l’intéressé lors de son ouverture. Les trois autres sites à venir sont McCordsville dans l’Indiana, Lancaster au Texas et Greencastle dans l’Etat de la Pennsylvanie. Les quatre sites emploieront collectivement plus de 4 000 personnes, et Walmart a indiqué que certains employés touchés par les licenciements dans ses centres d'exécution pourraient être embauchés dans ces entrepôts.
L'e-commerce progresse, mais son bénéfice baisse
Difficile, pour l’heure, de voir si ces ambitions restent d’actualité. Car l’e-commerce progresse. En 2022 aux Etats-Unis, l’e-commerce a représenté 12,7 % des ventes de Walmart avec 53,4 milliards de dollars. De plus, ce pourcentage ne cesse de croitre : rien que sur le quatrième trimestre, les ventes en ligne de Walmart ont augmenté de 17 % par rapport à l'année précédente et de 18 % par rapport à 2020. Mais pour autant, le bénéfice d'exploitation, lui, a enregistré une baisse de l’ordre de 5,5 % au cours de ce quatrième trimestre et de 21,3 % pour l'année 2022. Walmart a, sur le papier, les moyens de faire le dos rond et de miser sur l'avenir pour optimiser sa logistique. Mais la hausse des couts et le contexte économique pourraient aussi saper ses intentions...
Julie Delvallée