La médecine du travail

Rédigé le 01/03/2022


Apparue dès l’Antiquité, la médecine du travail est fondamentale pour le bien-être et la sécurité des travailleurs, en particulier dans certaines industries toxiques, mais pas uniquement..

Dans l’Égypte ancienne, des médecins soignaient, voire opéraient les ouvriers spécialisés, bâtisseurs des pyramides. Au Moyen Âge, des médecins ont décelé les maladies professionnelles. L’Autrichien Ulrich Ellenbog (1435-1499) a décrit les maladies des forgerons dues aux vapeurs et fumées toxiques. Peu après, le médecin suisse Paracelse (1493-1541) a découvert la maladie des mineurs due à l’irradiation par le radon se dégageant des roches granitiques, volcaniques et uranifères.

Mais le vrai fondateur de la médecine du travail est l’Italien Bernardino Ramazzini (1633-1714). Il est le premier à préconiser des mesures d’hygiène et de sécurité dans son livre publié en 1700, Traité des maladies des artisans. En 1775, le chirurgien britannique Percivall Pott prouve que la suie de charbon provoque des cancers chez les ramoneurs. Sa découverte entraîne l’interdiction du travail des enfants ramoneurs. Benjamin Franklin, l’un des pères fondateurs des États-Unis, fait le rapport entre la toxicité du plomb et le saturnisme, tout comme Amédée Lefebvre, directeur de l’école de médecine navale de Rochefort.

En France, au milieu du XIXe siècle, on s’étonne que les deux tiers des ouvriers en âge de faire leur service militaire soient déclarés inaptes tellement leur état de santé est dégradé. C’est ainsi que le travail des enfants va être peu à peu interdit.

Avancées législatives

La loi du 9 avril 1898 fonde la responsabilité de l’employeur quant aux accidents du travail et aux maladies professionnelles, ouvrant la voie aux indemnisations (loi du 25 octobre 1919). En 1906, un médecin normand découvre que les ouvriers des filatures d’amiante développent des cancers de la plèvre. Dès 1931, le Royaume-Uni prendra des mesures d’interdiction de l’amiante. Il faudra attendre 1997 en France !

Le premier corps des médecins du travail français est mis en place en 1915 dans les usines d’armement. De 1923 à 1930, c’est le docteur Barthe qui va organiser les premiers services de médecine du travail et de médecine préventive en entreprise. Apparaissent alors des revues spécialisées : La Revue de Médecine du Travail, Le Médecin d’Usine. Les premiers instituts universitaires de médecine du travail sont créés entre 1930 et 1935.

Ce sont les lois des 11 octobre et 26 novembre 1946 qui rendent obligatoire la médecine du travail dans toutes les entreprises privées, en liaison avec les comités d’entreprise et donc les syndicats.

La loi du 20 juillet 2011 réorganise la médecine du travail, sur fond de pénurie de médecins du travail. Leur nombre a continué de diminuer les années suivantes. En 2016, par la loi Travail (loi El Khomri) du 8 août et un décret du 27 décembre, de nouvelles mesures réforment encore la médecine du travail. Parmi celles-ci, depuis le 1er janvier 2017, en l’absence de risques particuliers identifiés, la fréquence de la visite médicale est diminuée à cinq ans... Contre deux auparavant.

CHRISTOPHE CHICLET