La livraison de courses à domicile est un peu le Graal du commerce alimentaire. La plupart des enseignes ont tenté de convertir les consommateurs, mais cette pratique reste pour l'heure très marginale. La livraison à domicile ne représente qu'environ 1% des ventes de produits alimentaires en France.
La faute aux coûts de la livraison qui surenchérissent le prix des courses. Alors que le drive est gratuit et a explosé durant le confinement avec 10% de part des ventes alimentaires, la livraison elle est très coûteuse.
Mais Monoprix y croit toujours et continue son développement sur le e-commerce. L'enseigne vient de mettre en service un nouvel entrepôt à Fleury-Mérogis en Ile-de-France. Le bâtiment de 36.000 m² entièrement robotisé a été développé en partenariat avec le britannique spécialiste du e-commerce Ocado.
"Ocado a développé une technologie exceptionnelle, qui permet de pratiquer un e-commerce sans faute, explique dans le Figaro Jean-Paul Mochet, président de Monoprix et de Franprix. Nous allons pouvoir proposer à nos clients l’offre la plus large du marché, avec à terme 50.000 références, ainsi que la gestion des dates limites de consommation en temps réel et la livraison à partir du lendemain dans un créneau d’une heure."
A l'intérieur 350 salariés s'affairent et des centaines des robots filent à 18 km/h pour aller chercher les produits et les apporter au préparateur de la commande qui n'a pas lui à se déplacer. Grâce à cette organisation, une commande de 50 produits peut être prête en six minutes.
Casino, propriétaire de Monoprix, lance d'abord l'offre en Ile-de-France et compte l'étendre ensuite dans les Hauts-de-France. A terme l'enseigne compte réaliser 500 millions d'euros de ventes annuelles avant l'ouverture de nouveaux entrepôts dans le sud de la France et dans la région de Lyon. "L’e-commerce alimentaire va croître de manière très importante dans les années à venir. Il pourrait atteindre 20% de parts de marché", estime le patron de Monoprix.
A condition cependant de rendre la livraison abordable. Or pour le moment, les tarifs annoncés ne sont a priori pas susceptibles de lever les freins. 10 euros la livraison, 5 euros à partir de 100 euros d'achats et gratuite si vous dépensez plus de 150 euros. L'enseigne proposera prochainement une offre d'abonnement à la manière d'Amazon Prime et des tarifs heures creuses.
Monoprix toujours sur Amazon
Si cette nouvelle technologie pourrait faire baisser les prix à terme, aujourd'hui il semble qu'ils soient encore élevés. Le patron de Casino, Jean-Charles Naouri, estimait d'ailleurs l'année dernière que "la livraison doit être gratuite" pour que la livraison à domicile se développe. Selon une étude réalisée par le cabinet Simon Kucher, l'effet psychologique du coût de la livraison serait déterminant. 40% des clients interrogés assurent qu'ils renoncent à la livraison si elle est facturé 5 euros. Et 54% si elle est à 8 euros. En revanche, si le prix des produits était 10% plus élevé mais la livraison offerte, 80% des clients commanderaient quand même.
Même s'il développe son offre, Monoprix est toujours partenaire d'Amazon, grand concurrent d'Ocado au Royaume-Uni. L'enseigne propose 6000 de ses produits à la vente sur le site américain depuis un an et demi. Et avec un certain succès puisque le groupe affirme que 80% des commandes alimentaires sur Amazon contiennent un produit Monoprix. Entre Ocado et Amazon, Monoprix ne met pas tous ses oeufs dans le même panier.
Frédéric BIANCHI