Coronavirus : syndicats et patronat vont ouvrir des discussions sur le télétravail

Rédigé le 15/05/2020


Le télétravail s'est beaucoup développé avec le confinement.Les syndicats veulent ouvrir une négociation pour mieux encadrer sa pratique. Le Medef se dit désormais prêt à des discussions pour travailler à un « diagnostic partagé ».« On cherche à inaugurer une façon de travailler autrement » entre partenaires sociaux, précise Hubert Mongon, le délégué général de l'UIMM, en charge des dossiers sociaux au Medef.

Le développement accéléré du télétravail est l'un des deux grands bouleversements provoqués l'épidémie de Covid-19 sur l'emploi, avec le chômage partiel . Sauf que ce dernier a vocation à disparaître, alors que le travail salarié à domicile pourrait bien s'installer durablement dans le paysage. D'abord parce que, pour plusieurs mois encore, le gouvernement va demander de continuer à limiter les déplacements. Ensuite parce que la crise aura démontré que ce mode de travail est possible, avec des entreprises qui ont fonctionné avec la quasi-totalité de leur personnel à distance.

Un salarié sur cinq

Alors que moins de 3 % des salariés télétravaillaient au moins un jour par semaine avant la crise, le confinement a bloqué chez eux au moins un salarié sur cinq sans que ceux-ci s'arrêtent de travailler. Cela s'est fait sans sommation, du jour au lendemain. Et que les personnels concernés le veuillent ou non, le cas de l'épidémie étant explicitement prévu dans le Code du travail comme pouvant justifier d'imposer de travailler chez soi. Sans toujours le matériel nécessaire et avec pour une partie des salariés, les enfants à gérer à la maison en même temps.

Demande unanime des syndicats

Tout cela impose d'ouvrir une négociation interprofessionnelle, estiment les syndicats unanimes. Le Medef, qui jusque-là excluait toute discussion, vient de faire une ouverture, mais sans que cela ne débouche forcément sur un accord en bonne et due forme. Tandis que le ministère du Travail juge l'arsenal législatif actuel, rappelé dans un guide publié dimanche, déjà complet.

Prenant acte de l'existence de ce « télétravail contraint », le leader de la CFDT, Laurent Berger, a en même temps noté l'existence d'une « aspiration » à cette forme de travail. « Il faut qu'il puisse s'exercer dans des conditions de travail satisfaisantes », a-t-il souligné mercredi sur France Inter, évoquant pêle-mêle « un vrai droit à la déconnexion, une vraie autonomie dans le travail, un management basé sur la confiance avec des échanges efficaces avec sa hiérarchie ». Une enquête réalisée par l'UGICT-CGT a d'ailleurs montré notamment les difficultés particulières rencontrées par le management de proximité.

« Retour d'expérience »

« On ne peut pas se satisfaire de la façon dont cela fonctionne, ce n'est pas du télétravail, c'est du travail à domicile dégradé », estime le président de la CFE-CGC, François Hommeril. Du côté de Force ouvrière aussi, on juge aussi indispensable d'ouvrir le dossier, sur lequel un accord avait été conclu en 2005. « Le télétravail, ça ne peut pas être tous les jours de la semaine, il y a un vrai risque de désociabilisation », souligne-t-on à FO.

Le Medef l'a annoncé par la voix de son vice-président, Patrick Martin, lors de la dernière rencontre téléphonique entre la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, et les partenaires sociaux, il est désormais prêt à ouvrir le dossier avec les syndicats. « Il s'est passé beaucoup de choses pendant ce mois et demi », explique-t-on au sein de l'organisation patronale, soulignant notamment que le télétravail « n'a pas forcément été choisi ». L'idée est de faire une sorte de « retour d'expérience » débouchant sur un « diagnostic partagé ».

Démarrer les travaux fin mai début juin

Le Medef espère démarrer les travaux fin mai début juin et table sur deux ou trois réunions qui pourraient déboucher sur « un document de synthèse », sans pour autant aller vers une négociation. «Il faut sortir du raisonnement habituel qui consiste à dire que quand on se voit avec les partenaires sociaux, c'est forcément pour négocier», explique Hubert Mongon, le négociateur du Medef pour les dossiers sociaux. «On cherche à inaugurer une façon de travailler autrement», précise-t-il. Concernant le télétravail, il précise qu'« il faut mettre tous les sujets à plat. Il y a des angles morts qu'il faut regarder sur la pratique, les habitudes de management ». Le délégué général de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), veut faire le point y compris sur « les risques qu'on a vu apparaître » ou l'« inconfort » lié au télétravail, notamment sur le plan personnel. 

Par Leïla de Comarmond