Coronavirus] Le confinement ne réussit pas aux boissons alcoolisées

Rédigé le 07/04/2020


Le rayon des alcools est peu fréquenté, en ces temps de confinement, selon les derniers chiffres de Nielsen. Le panéliste prend le pari que les Français ont commencé à « boire leur cave » et que, si celle-ci se vide, ils reprendront le chemin des rayons vins, spiritueux et bières. Retrouvez les chiffres segment par segment.  

Le confinement entraîne des achats jamais vus en grande distribution, des effets de stockage au sein des rayons épicerie ou entretien. Chacun aurait pu anticiper un phénomène similaire sur le rayon des alcools, d’autant que l’interdiction d’ouverture des restaurants, bars, pubs… a stoppé net la vente de boissons, alcoolisées ou non, dans ces lieux dès le 15 mars."Habituellement, le mois de mars est un mois moyen pour les ventes d’alcools, sauf pour les bières et les whiskies lors de la Saint-Patrick, le 17 mars, explique Mathieu André-Febrero, directeur On-Trade chez Nielsen. Avec cette fermeture nationale, le mois de mars 2020 a donc été amputé de moitié mais les volumes perdus (17 millions de litres de bières et 1,3 million de litres de spiritueux) n’ont pas été reportés sur les magasins : les consommateurs ont eu d’autres achats plus prioritaires à gérer".

En recul... parfois spectaculaire

En effet, les ventes d’alcool sont en recul de 16,1% en valeur lors des 12 jours qui ont suivi la mise en place du confinement, alors même qu’ils affichaient une croissance de 12,4% les 12 jours précédents. A la vue des résultats des différents types d’alcools depuis le début du confinement, le phénomène des apéros virtuels sur Zoom ou Skype s’avère marginal en France. Selon Nielsen, tant les vins tranquilles dont les ventes diminuent de 1,8% que les spiritueux (-3,2%) sont en recul (voir tous les chiffres ci-dessous). En revanche du côté de la bière, le chiffre d’affaires a eu tendance à progresser (+6,9%), soit une croissance deux fois plus rapide que celle des douze derniers mois. Du vendredi 13 au dimanche 29 février, le total des produits de grande consommation a progressé de 26%, notamment grâce à la journée record du 16 mars. Sur cette période, les alcools affichent un recul de 3,4% de leur chiffre d’affaires.

Certaines boissons alcoolisées ont même subi des reculs spectaculaires, comme les champagnes et les autres vins effervescents, les liqueurs et les cidres. A l’opposé, bières, vins rosés, anisés et rhums s’en sortent positivement. En-dehors des rosés, les ventes de vin sont toujours en repli, notamment en hypermarchés (-31% sur la dernière semaine).En revanche, la progression des supérettes et du drive se confirme : les ventes de vins y ont respectivement progressé de 118% et de 158% sur les deux dernières semaines.

Si les caves sont vides....

"Les consommateurs se sont limités dernièrement aux courses de première nécessité, assure Nicolas Léger, directeur analytique chez Nielsen. On peut néanmoins imaginer que les Français ont pioché dans leurs réserves. Selon la durée du confinement, ils pourraient être amenés à renouveler leur stock dans les prochaines semaines, et pourquoi pas dès ce début avril. Pour une grande partie d’entre eux, le versement de la paye du mois de mars pourrait faciliter les achats de produits “plaisir” comme les alcools." "Sur la durée, on verra sans doute rebondir ces catégories alcools avec une  volonté d'agrémenter son quotidien, qui peut sembler morose et répétitif", pense Mathieu André.

Les rhums et les bières à la fête, les champagnes en déconfiture

Voici l'évolution des ventes d'alcool par segment du 13 au 29 mars 2020 :

  • Rhums : +11%
  • Bières : +6,9%
  • Vins rosés : +3,2%
  • Apéritifs anisés : +1,8%
  • Whiskies : -1,9%
  • Vins blancs : -3,2%
  • Vins rouges : 63,6%
  • Vodkas : 65,9%
  • Cidres : -16,8%
  • Liqueurs : -23,2%
  • Vins effervescents : -28,8%
  • Champagnes : -52,5%

source : Nielsen Scan Track Daily International, ventes en valeur en HM+SM+Proxi+Drive.

SYLVIE LEBOULENGER