Après le rush, des difficultés pour les hypers!

Rédigé le 02/04/2020


Le confinement des consommateurs, l’éloignement des magasins et d’autres facteurs liés au coronavirus perturbent la fréquentation des hypermarchés. Les premiers signes d’une désaffection sont déjà apparus. Et elle pourrait durer longtemps.

Le lundi 16 mars était historique en termes de ventes, avec des magasins pris d’assaut et des chariots remplis à ras bord. Mais cette euphorie n’aura pas duré longtemps, et la situation à court et moyen terme est désormais beaucoup moins enviable pour les hypermarchés, qui font face à un délaissement de la part des consommateurs. "La performance du 16 mars est en trompe l’oeil, puisqu’une fois passé ce lundi de “pré-confinement”, le constat s’avère plus inquiétant" souligne ainsi Nielsen dans une étude. Incités à rester chez eux et à aller faire les courses au plus près de leur domicile, les habitants se reportent désormais vers les plus petites surfaces. Or, "seuls 6% des français vivent à moins de 5 minutes d’un hypermarché, situés majoritairement en périphérie des villes, contre 28% pour les supermarchés et 32% pour les magasins de proximité" rappelle la société d’études. Et après ce 16 mars hors norme, le retour de bâton a été violent pour les très grandes surfaces. Du 17 au 22 mars, "le constat est sans appel pour les hypermarchés, notamment les plus grands hypermarchés (plus de 6500 m2) qui reculent de 24%" calcule Nielsen. Une véritable douche froide.

Les failles des hypers rejaillissent

D’autres facteurs qualifiés aggravants ne plaident pas en faveur de ce format, qui fait déjà face à une baisse faible, mais régulière et structurelle de ses parts de marché (autour de 50% de la grande distribution). Ainsi, la fermeture actuelle de nombreux centres commerciaux va avant tout pénaliser les hypermarchés (qui en représentent plus de 90% des surfaces alimentaires). Le départ de nombreux habitants de la région parisienne pèse aussi très lourd dans la balance : plus de 80% des hypermarchés de Paris et de la petite couronne accusent un recul des ventes sur l'alimentaire actuellement. Autre élément négatif : "l’étalement des courses tout au long de la semaine pénalise le samedi, jour sur lequel les plus grandes surfaces font en temps normal le quart de leur activité" ajoute Nielsen. L’accumulation de ces facteur est sans appel. Depuis le début de l’année, la part de marché des hypermarchés sur les PGC a fondu de deux points au profit des autres circuits. Soit un manque à gagner de plus de 100 millions d’euros. Sur le secteur du non alimentaire, la chute est encore plus spectaculaire pour les hypermarchés, "avec un repli de 13% du chiffre d’affaires depuis le début de l’année, et même de 25% depuis le premier jour du confinement".

La France sur les traces de l'Italie

Et rien ne permet d’entrevoir une embellie, en se basant sur les observations et comportements des consommateurs relevés en Italie, ou la crise sanitaire a démarré plus tôt qu’en France. Nielsen constate que chez notre voisin, les hypermarchés sont en repli depuis deux semaines, alors que dans le même temps les supermarchés, la proximité et le e-commerce "enchaînent les records de vente". Daniel Ducrocq, directeur du service distribution de Nielsen juge que "rien ne permet de dire que le marché français suivra une trajectoire différente de celle observée en Italie, au contraire les similitudes sont frappantes. On peut s’attendre à un recul dans les chiffres du mois d’avril, d’autant que les hypermarchés entrent dans une période qui est historiquement forte pour eux”. Les opérations de mise en avant sur Pâques, ou plus tard les produits de beauté, risquent de souffrir. Comme tout le reste des hypermarchés d’ailleurs.

LSA