A Montesson, Carrefour emprunte la voie du vrac avec des marques nationales

Rédigé le 06/05/2022


Dans l’hypermarché de Montesson (78), Carrefour a déployé plusieurs espaces qui proposent des grandes marques vendues en vrac. Cette démarche est appuyée par l’affichage de la différence de prix au kilo, favorable au vrac par rapport au prix en rayon pour 90% des produits.

Après un développement important du vrac ces dernières années, une nouvelle étape vient d’être franchie par Carrefour. Dans son hypermarché de Montesson (78), le distributeur teste depuis quelques jours une nouvelle démarche baptisée "la boutique du vrac", déployée à ce jour dans dans 7 domaines différents (bio, café, gâteaux apéritifs, aide à la pâtisserie, confiserie, pâtes, et féculents), et bientôt 9 (avec l’alimentation animale notamment) à partir du 13 mai. A chaque fois le système est identique : un élément dédié est placé en entrée de rayon et propose une sélection de produits alimentaires de grandes marques nationales vendues en vrac, avec une balance et une offre de contenants (sachet kraft, boite carton, et pots en verre).

Avec, et c’est là que la démarche se veut innovante, un message prix fort : un séparateur de rayon affiche la comparaison du prix/kilo entre le produit vendu en vrac et le même produit vendu en rayon, avec un prix plus bas en vrac. Ce qui est évidemment une incitation forte à opter pour le vrac. On retrouve ces petites boutiques disséminées à l’entrée des rayons avec une douzaine de trémies en moyenne pour chaque élément. Et une vingtaine de grandes marques y participent (Michel et Augustin, Lustucru, Vahiné, Tipiak, Nescafé, Carte Noire, Lavazza, Bjorg, M&M’s, Kit Kat…). Pour découvrir l'ensemble des références concernées, consultez notre diaporama ici.

90% des références moins chères en vrac qu'en rayon et conditionnement classique

"Lorsque tout sera installé, nous proposerons 90 références en vrac, et 90% d’entre elles seront moins chères que leur équivalent en emballage classique" nous explique Bertrand Swiderski, directeur de la RSE pour le groupe Carrefour. Ce positionnement prix est un point central tant il correspond à une attente des clients. Et il représente un atout en cette période d’inflation. En interne, ce dispositif a été nommé "le laboratoire du vrac", et correspond à une volonté de relancer le vrac qui donnait des signes d’essoufflement depuis des mois. Avec une forte ambition : rehausser l’expérience client dans ce domaine. L’an dernier, Carrefour lançait donc un concours à Vivatech pour mobiliser les start-up, et tenter de réduire les 10 irritants identifiés sur le vrac. 5 start up ont gagné le concours. Dont le système maYam, qui permet, via un QR Code disposé sur les contenants et associé aux achats, d’accéder aux informations sur le produit (traçabilité, idées de recettes, etc.). Autre innovation : les trémies sont équipées d’un capteur au niveau de la sortie du produit, ce qui permet, après avoir rempli son contenant, d’avoir directement sur l’écran de la balance la référence choisie (ou un choix de quelques produits). Ce système proposé par Digi évite d’avoir à taper un code ou un nom. Une étiquette avec le code barres et le prix sort sur l’imprimante intégrée.

Ce laboratoire du vrac sera testé chez Market dans un mois

Côté opérationnel, le remplissage des trémies est effectué par le personnel du magasin, qui doit disposer un emballage carton prérempli et prédécoupé dans la trémie. Ce qui facilite la manipulation, et surtout simplifie énormément le nettoyage. "Sur les 10 irritants identifiés autour du vrac, il n'en reste plus qu’un seul pour lequel nous n’avons pas de solution pour le moment. C’est cette boite en carton qui est recyclable mais pas encore réutilisable. Donc nous ne sommes pas encore au stade du zéro déchet !" déplore Bertrand Swiderski. Cette multiplication des initiatives vrac intervient alors que le décret d’application de la loi Anti-Gaspillage et pour une Economie Circulaire (AGEC) -décret dit 3R pour Réduction, Réemploi et Recyclage- vient d’être publié. Et il prévoit pour 2030 que les magasins alimentaires devront consacrer 20% de leur surface aux produits vendus en vrac ou sans emballage. Dans l’hypermarché de Montesson, cette jauge atteint aujourd’hui 12% de la surface (les fruits et légumes y participent par exemple). Et on peut imaginer que ce laboratoire du vrac s’étende pourquoi pas aux produits sous MDD, même si la priorité est pour l’instant d’embarquer le plus de marques possibles. Le mois prochain, cette initiative sera dupliquée chez Carrefour Market, mais sous une forme différente. Dans les supermarchés Carrefour, tout sera regroupé dans un unique rayon consacré au vrac, pour comparer les comportements d’achat.

Ces derniers mois, Monoprix a également lancé un test de collaboration vrac / grandes marques, mais sans mettre en place une comparaison entre le prix « rayon » et le prix « vrac », qui est systématique dans l’hypermarché de Montesson. Attention toutefois à ce jeu, puisque certains M&M’s classiques (aux couleurs mélangées) sont vendus un peu plus de 7 euros le kilo en rayon, dans leur emballage plastique classique, contre 15 euros le kilo en vrac. Mais à ce prix la, ils sont triés par couleur (M&M’s vert, bleu, rouge…). Techniquement, le produit n’est pas strictement comparable, mais la différence de prix (du simple au double) peut sembler difficile à justifier. De quoi faire encore quelques réglages.

MORGAN LECLERC