Les ventes des hypers cèdent -6,8% au premier semestre 2020 et -12,6% sur le seul deuxième trimestre. À magasins comparables, les grands paquebots de Carrefour France sont toujours en recul depuis le déconfinement.
Alexandre Bompard, le PDG de Carrefour, n'a de cesse de répéter que les différents formats de son groupe lui ont permis de répondre aux différents moments de la crise. Et que les hypermarchés, boudés pendant le confinement, offrent désormais une solution idéale aux clients qui désirent limiter leurs sorties shopping et déambuler dans de larges allées pas trop peuplées.
À l'échelle du groupe, les résultats du deuxième trimestre lui donnent raison. À magasins comparables et hors carburants, les ventes des hypers ont reculé de -4,6% en avril, puis sont reparties à la hausse en mai-juin, à +8,0%. Pour un cumul de +3,9% sur le trimestre.
À l'échelle de la France, c'est une autre histoire. Les ventes en comparable ressortent à -3,6% sur le T2 et le détail mois par mois n'est pas communiqué. L'évolution totale du CA est encore plus brutale : -12,6% sur le trimestre.
Carrefour évoque simplement, du bout des lèvres, "une reprise lente du trafic en centre commercial dans certains pays" en mai et juin. Selon un analyste, citant lui-même des données Nielsen, les grands hypermarchés de Carrefour en France cèdent toujours du terrain, à magasins comparables, après le déconfinement.
Contrairement à Casino, Carrefour n'a pas rendu public son chiffrage de l'impact de la crise sanitaire. Le résultat opérationnel courant de ses activités en France, au premier semestre, ressort en hausse de +4,2%, à 125 millions d'euros. Un résultat bien inférieur, au passage, à celui de Casino (148 M€ pour un CA moindre), d'autant que Carrefour n'y intègre pas les primes exceptionnelles versées à ses salariés.
Le covid-19 tombe vraiment mal pour le distributeur. Selon les informations exclusives de Linéaires, révélées cet été sur notre site internet, 104 hypermarchés Carrefour intégrés, en France, n'arrivaient pas l'an dernier à couvrir leurs frais de fonctionnement, sans même tenir compte du loyer (soit 56% du périmètre de Carrefour Hypermarchés SAS). En 2018, ils n'étaient "que" 89…
Benoît MERLAUD