Deux ans après son plan de relance, Carrefour redresse la tête

Rédigé le 28/01/2020


Le chiffre d’affaires du géant alimentaire progresse de 3,1 %, en 2019, mais ses opérations françaises restent encore bien à la traîne.

Les résultats de Carrefour en 2019 suffiront-ils à rassurer les investisseurs dans un secteur fragilisé ? Annoncé jeudi 23 janvier, le chiffre d’affaires du groupe a progressé de 3,1 % à périmètre comparable, à 80,7 milliards d’euros. Une accélération portée par une hausse de plus de 25 % du chiffre d’affaires des produits bio, et de plus de 30 % pour celui du e-commerce alimentaire. La situation de nombreux pays s’est également améliorée, même en Espagne, un marché très difficile.

 

« Carrefour a réalisé une croissance solide et rentable, note Alexandre Bompard, le PDG du groupe. Notre plan de transformation porte ses fruits. » La France reste néanmoins à la traîne, avec un recul des ventes, à périmètre comparable, de 0,9 % au quatrième trimestre et de 0,1 % sur l’année hors essence, essentiellement à cause des résultats dans les hypermarchés (– 3,4 % au quatrième trimestre et – 2,1 % sur l’année), qui fournissent près de la moitié du chiffre d’affaires dans l’Hexagone.

Pour l’instant, deux ans et demi après son arrivée à la tête du géant de la distribution, Alexandre Bompard doit encore convaincre des investisseurs impatients de constater pleinement les fruits du plan de transformation. Carrefour leur a promis, jeudi, que la rentabilité en France enregistrerait une croissance à deux chiffres cette année.

La consommation stagne

Depuis 2017, cet ancien dirigeant de Fnac-Darty a cependant restructuré en profondeur le groupe. Il a mis un terme à 500 projets en interne, fermé le réseau déficitaire de l’ancien hard-discounter Dia, vendu sa filiale chinoise, sa filiale d’immobilier logistique Cargo, et le site Internet Rue du Commerce.

Les sommes récupérées ont permis d’investir dans les nouvelles technologies, et de faire évoluer le parc de magasins bien adapté à l’hyperconsommation de masse d’hier, mais pas aux comportements d’aujourd’hui. Le consommateur se méfie de plus en plus des produits industriels, le cœur de l’offre des grandes surfaces, en témoigne le succès des applications de type Yuka, et fragmente ses courses en fréquentant les magasins bio, les sites d’e-commerce ou en se tournant vers l’occasion. Bref, tout l’inverse du modèle de la grande distribution, où l’efficacité provient de l’uniformisation.

Le modèle historique est d’autant moins adapté que la consommation stagne – en 2019, les dépenses dans les grandes surfaces alimentaires ont progressé de 0,8 % en valeur, mais diminué de 1,4 % en volume, selon le cabinet IRI –, et que de nouveaux concurrents (déstockeurs et discounters) arrivent sur leur terrain de jeu… Entre les grands acteurs, la guerre des prix est de plus en plus forte pour conserver ses parts de marché. Depuis un an, celle de Carrefour est passée de 20,2 % à 19,9 %, quand Leclerc progressait de 21,2 % à 21,6 %.

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