Partout dans Paris, les annonces de locaux commerciaux « à céder »fleurissent. L’ancien emplacement du magasin Gap de l’avenue des Champs-Elysées, fermé en janvier, n’a pas trouvé preneur. Au numéro 23 de l’avenue parisienne, Abercrombie & Fitch a annoncé au représentant du personnel fermer son vaisseau amiral ouvert en 2011. Rive gauche, l’enseigne italienne Napapijri a tiré le rideau, rue de Rennes. En face, le pied de l’immeuble du 70 de la rue de Rennes est vacant. Les portes du magasin voisin d’André, chaîne cédée à son ancien président après son redressement judiciaire au printemps, sont également closes.
Le centre de Paris n’échappe plus au sort funeste de certains centres-villes d’agglomérations de province : les boutiques de mode ferment. « C’est un vrai fléau. Et le taux de vacance commerciale risque encore d’augmenter », prévient Rodolphe Deveaux, président du groupe Armand Thiery. Car le marché de l’habillement peine à se relever des mesures de confinement imposées en France, entre mi-mars et mi-mai, pour lutter contre la pandémie due au coronavirus.
Activité bridée par le protocole
Les ventes de vêtements ont chuté de 16 % en mai et de 18,9 % en juin, selon l’Institut français de la mode (IFM) ; celles de chaussures de sport ont reculé de 2 % en juin, selon le cabinet d’études NPD. Et malgré le lancement des soldes au 15 juillet, période de ventes à prix cassés qui s’est achevée mardi 12 août, l’activité demeure « faiblarde », note David Richard, responsable d’études chez NPD.
La fréquentation est en retrait de 16 % en juillet dans les centres commerciaux, selon le Conseil national des centres commerciaux. Elle atteint parfois des chutes de « 60 % en centre commercial ou de 40 % en centre-ville », précise M. Deveaux, s’appuyant sur les chiffres des 600 magasins du groupe Armand Thiery en France. Dès lors, le niveau des ventes est bien en deçà des standards habituels. « Le chiffre d’affaires des magasins est en retrait de 30 % par rapport à la période des soldes d’été 2019 », estime ce dirigeant. A Paris, d’après un sondage mené auprès de 300 commerçants pour la Chambre de commerce et d’industrie (CCI), le bilan des soldes d’été est « très décevant » pour 79 % d’entre eux.
Les enseignes pâtissent surtout d’une mauvaise conjoncture économique. Leur activité est bridée par le protocole adopté en magasin pour lutter contre la propagation du virus dans les lieux publics depuis mi-mai. Les centres commerciaux imposent aux clients de suivre un sens de circulation dans leur enceinte. Et, une fois en magasin, « ils ont rarement accès aux cabines pour essayer les vêtements », rappelle Helène Janicaud, directrice des études sur la mode au sein de Kantar. A Paris, 41 % des commerçants jugent que le suivi de ces gestes barrières dans les points de vente a constitué « un frein », d’après la CCI.
Par Juliette Garnier