Covid-19 : la grande distribution se prépare à un reconfinement

Rédigé le 27/10/2020


Alors que Panzani a déjà vendu 30% de produits en plus en octobre, le président du fabricant de pâtes, Xavier Riescher, assure sur Europe 1 que «la grande distribution a des stocks et nous avons des stocks également».

Alors que le nombre de personnes testées positives au coronavirus augmente et que le président de la République convoque un conseil de défense exceptionnel, la crainte d’un reconfinement plane plus que jamais. Dans cette optique, les supermarchés se préparent à une hausse de la demande. Alors que les grandes surfaces avaient été prises de court au printemps dernier lors de l’annonce du confinement, les distributeurs et les industriels ont cette fois pris les devants, et bénéficient de l'expérience acquise au printemps.

La plupart des enseignes ont constitué des stocks de précaution sur les produits les plus demandés, comme les pâtes. «Il n'y a aucun risque de pénurie. Les stocks sont suffisants pour répondre à la demande», affirme-t-on par exemple chez Leclerc. «Les niveaux de commande passées par les distributeurs sont restés très élevés, entre 10% et 20% au-dessus de leur niveau de l'année dernière, alors que la consommation n'a progressé qu'entre 5% et 8%, note Richard Panquiault, le délégué général de l'Ilec, qui représente les grands industriels. Les stocks chez les distributeurs sont donc hauts».

Le fabricant de pâtes Panzani a par exemple vendu 30% de produits en plus à la grande distribution au mois d’octobre. «Elle a des stocks et nous avons des stocks également. Cette fois, nous serons beaucoup plus sereins. Les choses sont bien gérées. Il y aura suffisamment de blé pour assurer l’ensemble de la production», a assuré président de Panzani Xavier Riescher, au micro d’Europe 1.

Pour reconstituer leurs propres stocks et répondre à la demande des distributeurs, les industriels ont continué à faire tourner leurs usines à plein régime au cours de l'été. «D'habitude, nous faisons la maintenance des usines pendant cette période, mais pas cette année», explique Richard Panquiault. Chez Barilla par exemple, les sites de production, basés en Italie, tournent 24h sur 24h depuis le confinement, ce qui a permis de reconstituer les stocks en trois mois.

Il ne devrait donc pas y avoir de ruptures en magasins... si les Français ne se ruent pas dans les rayons pour constituer leurs propres stocks. «Mais je ne crois pas un mouvement de panique», explique Miloud Benouada, le patron de Barilla en France. Les distributeurs n'en constatent pour l'instant pas dans les rayons, et estiment que les Français ont pu être rassurés par l'expérience du confinement au printemps. «Nous espérons qu'ils se sont rendu compte qu'ils ont continué à trouver des pâtes et de la sauce tomate dans les rayons», constate-t-on chez Système U.

Les distributeurs rappellent en effet que si certaines références étaient ponctuellement manquantes, le temps que les produits soient acheminés de l'entrepôt, «il n'y a jamais eu de rupture totale d'un type de produit. Les Français ont toujours trouvé des pâtes dans les magasins», constate Jacques Creyssel, le délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD).

Pour parvenir à approvisionner les magasins en quantité suffisante, les industriels s'étaient concentrés sur certaines références les plus demandées, comme les pâtes coquillettes, au détriment de celles qui demandent plus de temps à produire. Ils ont pour la plupart repris, aujourd'hui, leur mode de production habituel, mais pourront se concentrer à nouveau sur certains produits si la demande venait à fortement progresser.

La seule crainte des industriels est que l'épidémie ne fasse grimper l'absentéisme dans leurs usines et ne mette à mal leur production. «Nous sommes extrêmement stricts sur les gestes barrières et prenons la température de nos salariés tous les jours, poursuit Miloud Benouada. Il s'agit de leur santé mais pas seulement. Si un cluster se déclare dans une usine ou une plateforme logistique, c'est l'approvisionnement des Français qui serait mis à mal». Pour l'instant, la progression de l'épidémie est plutôt favorable : l'ouest du pays, où sont situées de nombreuses usines agroalimentaires, sont pour l'instant moins touchées par le covid.

Par Le Figaro