Etats-Unis : banqueroutes en série pour les chaînes de grands magasins

Rédigé le 26/05/2020


J.C. Penney, Neiman Marcus et J. Crew se sont placés coup sur coup sous la protection de la loi sur les faillites. La crise sanitaire a accéléré la désaffection pour ces grandes enseignes au profit du e-commerce.

Le Covid-19 aura été le coup de grâce. En une semaine, trois fleurons du commerce de détail aux Etats-Unis se sont déclarés en faillite. Après l’avalanche de banqueroutes de 2019 (plus de 9 000 magasins fermés), « l’apocalypse » du commerce de détail, selon l’expression de la presse américaine, semble devoir se confirmer

 

Vendredi 15 mai, la chaîne de grands magasins de vêtements, accessoires et cosmétiques, J.C. Penney, l’une des plus anciennes du pays, a demandé à être placée sous la protection du chapitre XI de la loi sur les faillites. Créée en 1902 par un fils de pasteur et fermier du Missouri, James Cash Penney, l’enseigne avait survécu à la Grande Dépression des années 1930. A son apogée, elle employait plus de 200 000 personnes (85 000 aujourd’hui) et possédait 1 600 magasins. Le groupe a indiqué avoir obtenu 900 millions de dollars (825 millions d’euros) de ses créanciers pour organiser sa restructuration. Il prévoit de fermer 200 magasins cette année et 50 autres en 2021, soit près de 40 % du nombre actuel de ses établissements.

Le déclin des malls

Une semaine plus tôt, c’était la chaîne de grands magasins de luxe Neiman Marcus qui avait déposé un dossier de mise en faillite, après 113 ans d’existence. Le groupe de Dallas (Texas), qui possède également les enseignes Bergdorf Goodman et Horchow, avait dû mettre ses 14 000 salariés au chômage technique, en raison de la pandémie, alors qu’il a plus de 4 milliards de dollars de dettes. Il a préféré devancer les échéances : la plupart de ses magasins, à l’exception de ceux de Floride, sont encore fermés du fait des mesures sanitaires.

Autre victime : l’enseigne J. Crew, qui avait pourtant connu un regain de ferveur depuis que Michelle Obama avait adopté sa ligne de prêt-à-porter BCBG. En 2011, elle était même devenue la première marque de mode grand public présente à la Fashion Week de New York. Et elle avait lancé Madewell, une marque pour les teenagers, qui avait connu une expansion rapide et compte aujourd’hui 132 magasins. Le 4 mai, J. Crew a, elle aussi, invoqué le chapitre XI. La société espère parvenir un accord avec ses bailleurs de fonds (Anchorage Capital Group, LLC et GSO Capital Partners) pour convertir une partie de sa dette (1,65 milliard de dollars) en capital.

Les États-Unis possèdent beaucoup plus de magasins qu’il n’est devenu nécessaire dans un univers où la consommation a changé