En Allemagne, l’avenir incertain des hypermarchés Real

Rédigé le 03/02/2020


Le groupe Metro cède son enseigne à un consortium germano-russe pour un montant estimé à 500 millions d’euros. Sur 277 magasins, plusieurs dizaines pourraient fermer.

 

Le long processus de concentration du secteur de la grande distribution se poursuit en Allemagne, mais la prochaine étape, qui devrait aboutir dans les prochains jours, risque d’avoir un coût social élevé. Trois ans après le démantèlement de la chaîne de supermarchés Kaiser’s Tengelmann au profit de ses deux concurrents Edeka et Rewe, c’est au tour de l’enseigne Real d’être menacée de disparition.

Sa maison mère, le groupe Metro, veut se défaire de ses 277 hypermarchés outre-Rhin. Au terme d’un processus de vente qui s’éternise depuis septembre 2018, la signature d’un accord de cession entre Metro et le repreneur, un consortium constitué de l’investisseur immobilier allemand X+Bricks et de SCP Group, une société de capital-investissement à capitaux russes, prévue à l’origine pour le 31 janvier, devrait finalement avoir lieu d’ici à l’assemblée générale du 14 février, au plus tard.

Après avoir essuyé plusieurs revers, la direction de Metro s’est fixé cette ultime date butoir pour se délester de cette filiale déficitaire. Mais les acquéreurs veulent fermer des magasins et les 34 000 salariés de Real s’inquiètent. « Le comité d’entreprise craint jusqu’à 10 000 licenciements », a souligné Werner Klockhaus, président de cet organe, au quotidien munichois Süddeutsche Zeitung, le 14 janvier.

« Près d’un poste sur trois est en danger. Ça va être dramatique », s’émeut Werner Klockhaus, président du comité d’entreprise de Real

Pour arriver à ce chiffre, M. Klockhaus estime qu’une cinquantaine de magasins accusant les plus lourdes pertes fermeront à l’issue de la cession. A raison d’une moyenne de 120 salariés par magasin, ce sont donc 6 000 emplois qui disparaîtront, selon les représentants du personnel. Sont également menacés de fermeture plusieurs services au siège de la chaîne d’hypermarchés à Düsseldorf (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), notamment la logistique, la publicité ainsi que l’informatique, soit 4 000 salariés supplémentaires, d’après M. Klockhaus. « Près d’un poste sur trois est en danger. Ça va être dramatique », s’est-il ému.

La direction dément ces chiffres, qu’elle juge exagérés. Olaf Koch, patron du groupe Metro, reste néanmoins évasif. « La fermeture d’un certain nombre de magasins sera malheureusement inévitable en raison du manque de perspectives économiques », s’est-il contenté d’assurer aux salariés par courriel après les déclarations alarmistes de Werner Klockhaus. En octobre 2019, la direction avait évoqué la fermeture d’une quarantaine d’hypermarchés.

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