Les hypermarchés sous la pression des déstockeurs et des discounters

Rédigé le 11/12/2019


Les ventes du rayon droguerie, parfumerie et hygiène dans les hypermarchés reculent depuis quatre ans. Un phénomène qui inquiète les grandes surfaces historiques.

 

Ils ont déjà perdu la bataille sur les rayons textile, électroménager, électrodomestique, bijouterie face au commerce en ligne et aux enseignes spécialisées. Désormais, les hypermarchés livrent à bas bruit un autre combat dans leurs allées, contre les nouveaux temples des bonnes affaires – Aldi, Lidl, Action, Noz, Normal… –, ces rois du discount ou du déstockage avec leurs rayons remplis de grandes marques (Finish, Colgate, L’Oréal, Ferrero…) à prix cassé. « Les Action, Normal… ont réinventé le hard discount comme l’avaient fait Aldi et Lidl dans les années 1990, et Leclerc dans les années 1960 », reconnaît-on chez Système U.

Bien souvent installées à la périphérie des villes, non loin des grandes surfaces historiques, ces enseignes développent leur réseau de magasins à toute allure. Arrivé en France fin 2012, le néerlandais Action a ouvert, jeudi 28 novembre à Nice, son cinq centième emplacement sur le territoire, quand Carrefour comptabilise 247 hypermarchés et Casino, 122. Le pays est le premier marché d’Action et assure un tiers de son chiffre d’affaires. Depuis son arrivée le 16 août, le danois Normal, pour sa part, en est déjà à sa cinquième ouverture dans l’Hexagone. Il pronostique « davantage de magasins en France dans les années à venir ».

A l’intérieur de ces grandes surfaces se trouvent des articles concurrents ou similaires à ceux des hypermarchés promis « à prix bas et constants ». « Plus de 3 000 produits dans les produits ménagers, les cosmétiques, des boissons… » pour Normal. Chez Action, 6 000 sont référencés dans quatorze rayons (bricolage, jouets…). C’est certes sans commune mesure avec le choix des 20 000 à 80 000 produits d’un hypermarché. Néanmoins, on recense « 2 000 produits à moins de 1 euro et 150 nouveautés chaque semaine, précise Wouter De Backer, le directeur général en France d’Action. L’assortiment étant évolutif, les clients savent qu’il faut acheter tout de suite sinon il n’y en aura plus, ce qui est différent d’un supermarché classique ».

Difficile de rivaliser en matière de prix

Ce qui inquiète surtout les grandes surfaces historiques, c’est que, sous des dehors de chasse au trésor, les consommateurs finissent par remplir leur panier de produits du quotidien qu’ils n’achèteront plus dans leurs lieux de courses habituels. Et le rayon le plus à risque est celui de la droguerie-parfumerie-hygiène – celui que les professionnels appellent « le DPH » : lessive, gels douche, mouchoirs, produits d’entretien, déjà malmenés par la mode des produits fait maison, la méfiance des consommateurs envers les composants chimiques et, bien sûr, les contraintes budgétaires.

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