L’augmentation des salaires sera au cœur de la manifestation du 5 octobre » (Yves Veyrier, FO)

Rédigé le 05/09/2021


FO sera bien présente à la manifestation du 5 octobre initiée par la CGT. Le retour des réformes de l'assurance-chômage et des retraites, ainsi que les incertitudes de l'organisation sur les mesures gouvernementales en faveur du pouvoir d'achat, ont convaincu la Centrale de l'Avenue du Maine de joindre ses forces à celle de Montreuil. 

Pourquoi vous être associés à la journée d’action du 5 octobre alors que vous ne l’aviez pas fait en 2020 ?

Yves Veyrier : Nous n’étions pas dans une configuration qui permette de peser sur les événements. Le contexte actuel est différent. Nous considérons important d’agir pour être entendus. À l’évidence, nos arguments ne suffisent pas : dès que des signaux de reprises d’activité apparaissent, le Gouvernement revient à grands pas avec la réforme des retraites et de l’assurance-chômage ! La ministre du Travail l’a encore dit récemment : la réforme des retraites est inéluctable et il faudra travailler plus longtemps. Or les cinq confédérations syndicales ont clairement affirmé leur refus, comme elles refusent aussi la réforme de l’assurance-chômage. Le Conseil d’État, qui en a suspendu la mise en œuvre, nous a donné raison. Si on enregistre quelques signaux favorables, le nombre de demandeurs d’emploi est encore à près de six millions si on réunit les catégories A, B et C. L’amélioration ce dernier mois sur la catégorie A (demandeurs d’emploi sans activité) est pour partie contrebalancée par une augmentation de la catégorie C (en activité réduite) et due aussi aux dispositifs de formation financés par l’État. Ce n’est pas en réduisant les droits des demandeurs d’emploi que l’on résoudra le chômage et la précarité.

Et sur la réforme des retraites ?

Y. V. : Les cinq confédérations syndicales se sont adressées conjointement au Premier ministre en octobre dernier pour lui dire que ce sujet ne doit pas revenir à l’ordre du jour. Nous sommes unanimes pour contester le recul de l’âge de départ à la retraite. Mais visiblement, nous n’arrivons pas à nous faire entendre. Il y a une forme d’obstination de la part du Gouvernement. Nous n’avons alors pas d’autre choix, comme en décembre 2019, que de mobiliser les salariés. Nous entrons aussi dans une phase de campagne électorale pour l’élection présidentielle. Cette journée de grève et de manifestations du 5 octobre est importante et doit être réussie car elle sera un signal pour aujourd’hui et demain. Il s’agit de dire clairement notre opposition au recul de l’âge de la retraite, quel que soit le porteur d’un tel projet. Plus largement, nous alertons contre le retour des politiques d’austérité et de rigueur.

Les salaires vont-ils augmenter ?

Y. V. : Quand le ministre de l’Économie annonce la fin du « quoi qu’il en coûte », le président du Medef répond en appelant à retarder l’âge du départ à la retraite et réclame l’entrée en vigueur de la réforme de l’assurance-chômage. Nous serons vigilants afin que la fin du « quoi qu’il en coûte » ne devienne pas un « quoi qu’il en coûte… aux salariés », au prétexte du remboursement de la dette Covid. La question de l’augmentation des salaires sera au cœur de la manifestation du 5 octobre. Le ministre de l’Économie incite les entreprises à augmenter les bas salaires. Mais déjà en janvier 2020, il encourageait les entreprises à « faire leur part ». Qu’il passe de la parole aux actes ! Il a deux moyens pour agir. D’abord le Smic. Je rappelle que son augmentation est purement réglementaire depuis trois ans et que l’augmentation intervenue au 1er janvier 2021 est de 0,99 %, soit la plus faible depuis trois ans. On nous a longtemps opposé que les augmentations de salaires nuisaient à l’emploi. C’était l’argument qui a justifié la prime d’activité aux salariés gagnant le Smic, plutôt que l'augmentation du Smic. Les difficultés de recrutement tiennent pour partie à la faiblesse des salaires et aux conditions de travail. La revalorisation des salaires va prendre d’autant plus d’importance que l’inflation repart. Le coût du gaz augmente, comme de l’alimentation, et aussi celui des produits manufacturés. Durant la crise sanitaire, l’activité partielle a permis de préserver l’emploi, mais au prix d’une perte de pouvoir d’achat pour les salariés, alors que les entreprises n’ont pas été pénalisées puisque la masse salariale était prise en charge à 100 % par des fonds publics. Que voit-on aujourd’hui ? Les profits du CAC40 et le versement des dividendes aux actionnaires ont retrouvé leur niveau d’avant la crise, plaçant même la France en tête. La redistribution des richesses est un vrai sujet. Augmenter les salaires, c’est éviter que les profits partent dans la sphère financière tout en préservant le financement de la Sécurité sociale. Il y a un lien étroit et positif entre les salaires, l’emploi, les retraites et l’assurance-chômage.

Propos recueillis par Gilmar Sequeira Martins

 

Auteur
GILMAR SEQUEIRA MARTINS