Les hypers Carrefour profiteront-ils du déconfinement ?

Rédigé le 29/04/2020


Carrefour vient de clore un bon premier trimestre en France. Les achats de stockage, avant le confinement, ont profité aux hypers. Mais les grands paquebots du groupe, depuis, sont à la peine. Aujourd'hui, le distributeur veut croire aux atouts de ses grandes surfaces pour attirer les consommateurs déconfinés.

 

À circonstances exceptionnelles, résultat… un peu exceptionnel. Les achats de stockage des Français, à la mi-mars, ont permis aux hypermarchés de Carrefour d'enregistrer, à magasins comparables, des ventes en progression de +0,9% sur l'ensemble du premier trimestre. 

Les hypers français du groupe n'avaient pas connu une telle croissance significative du "like for like" depuis 2017. La tendance des derniers trimestres de 2019 était même franchement à la peine, avec des reculs de plus de 3%.

L'évolution totale des ventes des hypermarchés Carrefour en France est à la baisse sur le premier trimestre 2020, à -0,7%. Plus à leur aise avant et pendant le confinement, les supermarchés sont à +6,0% et les autres circuits (proximité essentiellement) à +8,2%

À magasins comparables, les ventes de Carrefour en France sont en croissance de +4,3% (+6,1% dans les autres pays d'Europe et +17,1% en Amérique latine). "Être multiformat est clairement un atout clé, a asséné Alexandre Bompard, le PDG du groupe, en présentant ses résultats trimestriels. Les semaines se suivent et ne se ressemblent pas, la consommation est très volatile et très imprévisible."

 

Le chiffre d'affaires de Carrefour au premier trimestre

  CA TTC (M€) Evolution A magasins
comparables
France 9 292 + 2,9 % + 4,3 %
- hypermarchés 4 264 - 0,7 % + 0,9 %
- supermarchés 3 183 + 6,0 % + 8,1 %
- proxi et autres 1 485 + 8,2 % + 6,8 %
Autre Europe 5 647 + 5,4 % + 6,1 %
Amérique latine 3 877 - 0,1 % + 17,1 %
Asie 628 - 64,0 % + 6,0 %
Total groupe 19 445 - 2,9 % + 7,8 %

Source : Carrefour ; premier trimestre 2020, évolution vs premier trimestre publié en 2019 (la baisse d'activité en Asie tient compte de la sortie de la Chine).

 

Le distributeur, en revanche, se refuse à prendre part à l'hallali : Carrefour reconnaît les difficultés des hypermarchés durant le confinement, mais il n'est pas question, évidemment, d'enterrer le format. 

"Je suis convaincu que l'hypermarché redeviendra attractif dès que le confinement sera levé, a poursuivi le dirigeant. D'abord parce que le pouvoir d'achat sera une préoccupation essentielle des consommateurs, et l'hypermarché est une bonne réponse. Compte tenu de la situation sanitaire, ensuite, pouvoir effectuer l'ensemble des achats dans un lieu unique est un atout, les clients ne voudront pas faire plusieurs fois la queue. L'hypermarché, enfin, propose une expérience d'achat plus sécurisante du fait de sa plus grande surface, qui permet de plus grandes distances sociales."

Le distributeur n'a pas voulu (contrairement à Casino la semaine précédente) communiquer d'informations sur ses ventes en avril, dans un contexte de confinement "dur". Il a néanmoins précisé que son résultat financier sur le premier trimestre, en tenant compte à la fois de la hausse des ventes et de la hausse des coûts (dont la prime de 1000 euros versée à 85.000 salariés en France), restait finalement conforme à ses prévisions. 

Le conseil d'administration de Carrefour a également décidé, "dans un souci de responsabilité sociale et sociétale", de diviser par deux le montant du dividende qui sera versé aux actionnaires au titre de l'exercice 2019.

Benoît MERLAUD