Interview de Jérôme Nanty, DRH de Carrefour groupe : "Il est de notre responsabilité collective de protéger la santé de nos salariés"

Rédigé le 26/03/2020


Avec 100 000 salariés, dont 85 000 dans les magasins et les entrepôts, Carrefour se trouve en première ligne dans la pandémie. Sécurité des salariés et des clients, organisation du travail, amplitude horaire, recrutements : LSA a interrogé Jérôme Nanty, directeur exécutif des ressources humaines du groupe Carrefour.

LSA : Concrètement, quelles sont les mesures prises dans un groupe qui compte 85 000 salariés en magasins, mais aussi dans les entrepôts ?

J.N : Nous avons commencé dès avant l’apparition des premiers cas à  communiquer massivement sur le respect des gestes barrière. Nous faisons en sorte que cette communication soit systématique et complète. C’est une question de responsabilité individuelle, mais nous avons aussi une responsabilité collective. Notre rôle est de protéger nos 55 000 salariés des hypermarchés, nos  25 000 salariés des supermarchés et nos 5000 salariés qui travaillent dans les entrepôts intégrés. Nous avons approvisionné tous les sites en gel hydro-alcoolique et instauré un protocole spécial pour le personnel de caisse qui peut se laver les mains toutes les heures et pas seulement à la pause: Puis nous avons fourni des gants et installé depuis une semaine 12 000 vitres de protection en plexiglas aux caisses. Enfin, commande a été faite de dix millions de masques. Les premiers commencent à arriver. Jusqu’ici, ils étaient réquisitionnés par les pouvoirs publics. Aujourd’hui, maintenant que les restrictions à l’importation de masques ont été levées, nous utilisons tous les canaux possibles, en France et à l’étranger. Enfin, nous sommes en train de mettre à disposition des thermomètres frontaux sur les sites,

LSA : Chez Carrefour, vous avez aussi beaucoup de franchisés. Comment leur faire passer les consignes ? 

J.N : Nous encourageons systématiquement les franchisés à appliquer les mêmes règles de protection et leur proposons de les associer à notre commande de matériel de protection. Mais il est vrai que le franchisé est un chef d’entreprise et c’est lui seul qui décide au final. Cependant, nous constatons que nos franchisés sont très responsables et qu’ils prennent spontanément des mesures à l’échelle de leur magasin.

LSA : Justement, on voit à l’étranger, en Allemagne par exemple, des salariés de McDo qui n’ont plus d’activité aller travailler chez Aldi

J.N : Au sein du Groupe, nous avons mis en place par exemple une opération intitulée « Tous engagés en magasin » qui permet à des salariés du siège de Carrefour d’aller aider sur le terrain. Plus de 400 personnes se sont portées volontaires. Tous les jours, 200 salariés du siège vont aider dans les centres de préparation de commande ou dans les drives, pour faire face à l’afflux de commandes sur le e.commerce. En revanche, nous aimerions pouvoir faire appel à des salariés placés en activité partielle dans d’autres entreprises et ce n’est pas possible pour l’instant. C’est pourquoi nous demandons aux pouvoirs publics de mettre en œuvre un dispositif le permettant.

LSA : Avez-vous recours à l’activité partielle pour les salariés du siège ?

J.N : Nous aurons recours à l’activité partielle pour les salariés du siège dans une proportion que nous sommes en train d’évaluer. Nous sommes dans l’attente des nouvelles règles fixées par ordonnance.

LSA : Vous avez annoncé la fermeture de tous les magasins du groupe à 19 heures. Pourriez-vous aller plus loin ? 

J.N : L’amplitude horaire de nos magasins s’adapte à cette période particulière. Le comportement des consommateurs s’adapte également. Nous constatons  que les centres urbains se vident plutôt en fin de journée. S’agissant du dimanche, nous sommes restés ouverts dimanche dernier. C’est en réflexion. Comme sur beaucoup de sujets, en ce moment, nous devons nous adapter en temps réel.

 Propos recueillis par Magali Picard